En 1968, le compositeur Karlheinz Stockhausen commence à composer deux cycles de musique intuitive. Il offre aux musiciens un texte comme unique direction. Mais si la liberté implicite peut sembler permettre l’interprétation aléatoire par les interprètes, l’aspect aléatoire est loin de l’esprit de Stockhausen. Celui-ci dit une fois qu’il ne cherchait pas l’indéterminable, mais « un déterminable intuitif » qui créerait la musique.
La musique intuitive de Stockhausen est ainsi devenue l’inspiration formatrice de l’Ensemble de Weimar, qui a été fondé en 1980. Sous le régime de l’Allemagne de l’Est, l’Ensemble explorait des secteurs officiellement » tabous » et considérés comme » inutiles » dans l’expression musicale. Le groupe a d’ailleurs commencé dans une galerie illégale à Erfurt, continué dans de nombreuses églises, et même finalement joué dans le Palais de la République à Berlin. Avant le changement politique de 1989, plusieurs centaines de concerts comprenant la musique de Stockhausen ont été donnés par l’EFIM. Depuis lors, l’Ensemble a joué dans plus de vingt-cinq pays en Amérique, Europe, et Asie.
La collaboration fructueuse entre l’EFIM et Stockhausen a abouti en 2005 à des enregistrements de studio de six compositions intuitives du cycle « Für kommende Zeiten », sous la direction du compositeur pour son édition de CD.
La caractéristique de l’EFIM se situe dans la combinaison entre les instruments orchestraux (trompette/flügelhorn, violoncelle, et piano/orgue) et l’électronique en temps réel, permettant à une multitude de nouvelles structures musicales et à de nouveaux processus de communication de se développer. L’ordinateur est de ce fait joué comme un instrument.
L’EFIM a réalisé dès 1987 une série de projets synesthétiques basés sur les traditions de Bauhaus. Depuis le début des années 90, l’EFIM s’est consacré à des projets en collaboration avec des artistes d’autres disciplines.
Lors de l’EXPO 2000 à Hanovre, et de festivals à Porto (2001), Varsovie (2002), Rome (2003), Vienne (2004), ou Boston et New York (2006), l’EFIM a poursuivi son voyage sonore, censé ouvrir de nouvelles dimensions d’écoute. L’objectif de ce travail est non seulement une musique avec de nouveaux sons mais aussi l’intégration de « soundscapes », mémoires sonores enregistrées dans des villes et campagnes éloignées.